19 janvier 2015

L'oiseau blessé


    Avant de lancer le chantier de reconstruction du bateau, la première tâche à laquelle je m'attelle consiste à démonter absolument tout ce qui est démontable sur le bateau, de façon à identifier clairement les zones à reconstruire ou à renforcer, afin d'organiser les travaux de manière efficiente.
     A partir de ce que j'ai pu voir et trouver comme éléments dans le bateau, j'ai reconstitué ce qui m'apparaît être la suite logique des événements ayant conduits à la destruction partielle du bateau. Je n'étais pas à bord au moment de l'accident, les hypothèses que j'ai formulées à partir de mes observations ne prétendent donc pas être la vérité des faits. 

"Au début du printemps, les oiseaux revenaient." - Respire - Mickey 3D

     C'est la rupture de l'émerillon d'une poulie du palan de quille qui semble être l'élément déclencheur des soucis à bord du bateau, alors qu'il navigue en Méditerranée dans un vent très soutenu et surtout dans une mer forte et hachée. Le palan de quille sert à maintenir la quille au vent pour réduire la gîte du bateau. Concrètement, il s'agit de tenir en position le voile de quille de 2 m au bout duquel est fixé un bulbe en plomb de 300 kg. C'est donc un des endroits les plus sollicités du bateau.
     Le bout de retenue de quille, censé sécuriser les mouvements du voile, est sous-échantillonné et usé et cède sous la charge. Le voile de quille continue donc son chemin et arrache un flanc du puits de quille avant de finir sa course dans le ballast, l'éventrant, et laissant s'échapper au passage 90 litres d'eau à l'intérieur du bateau.

Le flanc de puits de quille arraché. Au second plan, le ballast éventré.
     Dans l'urgence, afin de stopper les mouvements de la quille qui se balade toujours à son gré en arrachant ce qui se trouve sur son passage, la tête de quille est amarrée à la partie verticale de la cloison de mât.
    Conçue pour soutenir la compression du mât (effort vertical), cette cloison se brise en deux et s'arrache du roof et du fond de coque.
La cloison de mât arrachée du roof et brisée dans sa partie verticale (au centre).
     Il n'y a dès lors plus rien pour soutenir le pied de mât posé sur le roof qui se fissure et s'écroule sous la compression. Le mât n'est plus soutenu et s'écroule à son tour en se brisant en trois morceaux.



Fissures du roof...

     Pour ne pas simplifier les choses, le skipper se blesse lors de l'accident et évacue le bateau, qui sera récupéré plus tard par les gardes-côtes espagnols pour être remorqué jusqu'aux Baléares.
     Les morceaux de mât sont enchevêtrés dans les voiles et les haubans, et enfoncent la coque en plusieurs zones sous l'effet des vagues, brisant une des dérives restée enfoncée et fissurant du même coup la jonction entre le bas du puits de dérive et la coque.




Un peu de boulot avant de remettre à l'eau !





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